Buste du Buddha Śākyamuni

Pierre noire
Inde du Nord-Est (Bihār, Bengale)
IXe-Xe siècle, période Pāla
H. 43 cm

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Description

Une iconographie limpide

Cette très belle représentation du Bienheureux est d’une taille tout à fait significative. Il faut imaginer qu’à l’origine, le Buddha, traité en taille héroïque, occupait la majeure partie d’une stèle à fond plein qui le magnifiait. Il était probablement représenté assis en vajarapryaṅkāsana sur un lotus, les deux jambes repliées avec les plantes de pieds visibles : la position assise se déduit en effet du bloc de pierre qui nous est parvenu fragmentaire. Par comparaison avec des stèles conservées dans les plus grands musées, il pouvait esquisser de sa main droite le geste d’absence de crainte (abhaya mudrā) ou encore celui de la prise de la terre à témoin (bhūmisparśa mudrā), tandis que sa main gauche reposait dans son giron.

Une représentation codifiée

Buddha est ici parfaitement reconnaissable : vêtu de la robe monastique (saṃghāṭī), appelée également « vêtement de dessus » (uttarāsanga), celle-ci ne couvre que son épaule gauche. Parmi les marques distinctives (lakṣaṇa) du « grand homme » (mahāpuruṣa), la tradition ne conservera dans les représentations que les deux essentielles, ici bien visibles : l’excroissance de la fontanelle ou protubérance crânienne (uṣṇīṣa) recouverte de boucles bien dessinées, et la touffe de poils dans le bas du front (ūrṇā). Les lobes des oreilles, distendus par le port de lourds ornements orfévrés, témoignent de son renoncement aux vanités de son ancienne vie mondaine.

Un style épuré renvoyant à une datation ancienne

Tout à fait caractéristique des stèles Pāla, le visage était entouré d’un nimbe frangé de flammes stylisées encore visible au-dessus de son épaule droite et suggérant la lumière irradiant du Buddha. Il faut nous arrêter sur son visage à la fois puissant et charismatique, aux traits fins et au modelé particulièrement sensible. Typique de cet art, une attention extrême est portée aux lignes de contour. Le menton et la bouche sont légèrement proéminents et les sourcils arqués se rejoignent en formant un V. Stylistiquement, la stèle paraît antérieure à la stylisation appuyée qui caractérise l’art Pāla à partir du XIe siècle. Le visage allongé, aux lèvres pulpeuses et aux yeux un peu globuleux renvoient à l’art post-gupta des VIIe-VIIIe siècle, et au-delà au grand art classique indien des Ve-VIe siècle.

 

Provenance : Collection privée, Allemagne, acquis dans les années 1960.

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