Tête de donateur

Stuc polychrome
Ancienne région du Gandhāra
Circa Ve siècle
H : 22 cm

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Description

P629 Dossier détaillé FRUn dévot à l’image des bodhisattva

Cette figure de donateur possède un visage remarquable, d’un ovale presque parfait et empreint de sérénité. La tête, très légèrement inclinée, dégage selon les codes de l’art « gréco-bouddhique » du Gandhāra un sentiment de plénitude et de piété. Les paupières, mi-closes, sont le signe de sa profonde méditation, tandis que la bouche, petite et charnue, esquisse un délicat sourire. Cette expression n’est pas sans rappeler celle des Buddha et bodhisattva en stuc, réalisés à la même période. Les larges pendants d’oreilles prenant la forme de disques pleins (kuṇḍala), la coiffure sophistiquée ainsi que l’idéalisation éthérée de cette tête rapprochent encore davantage ce dévot laïc des bodhisattva, êtres de compassion qui retardent leur Éveil.

 

Un témoin de l’art du Gandhāra exprimé en Afghanistan

De fines incisions caractéristiques des sites de l’Afghanistan, notamment Hadda, soulignent les yeux en forme d’amande, dessinent les sourcils, marquent les narines, et accentuent le relief des lèvres. Il faut aussi noter comme trait distinctif de ces œuvres la dépression au milieu du menton, sous la bouche. La chevelure, que l’on retrouve sur plusieurs œuvres de comparaison, est montée en chignon et se compose en trois parties. Une première, de forme ovale, se dégage très largement du crâne et s’évase en couvrant les oreilles. Le motif de cupule, ces petites dépressions circulaires couvrant cette partie de la coiffe, est également caractéristique. Un bandeau de tissu marque une transition avec une seconde partie qui se distingue par de fines incisions ascendantes ; enfin un chignon sommital de mèches ondulées est comparable au nouage des cheveux de figures en stucs grecs.

 

Le stuc : une grande liberté de traitement

Attesté au Gandhāra comme en témoignent notamment les sites de Hadda ou de Taxila, le stuc fut employé avec brio. Les statues étaient exécutées à l’aide de moules, les formes obtenues reprises à la spatule. Cette technique permet beaucoup d’aisance dans le traitement et d’obtenir, comme ici, des visages au modelé incroyablement souple. La bouche, à la réalisation particulièrement sensible, en est un bel exemple. Souvent, les têtes en stuc plus fin étaient cuites à part et collées aux corps à la barbotine. Cette tête de donateur devait participer du décor des cours extérieures des monastères, accessibles aux dévots. Un fin engobe – encore très manifeste sur l’ensemble de la surface – couvrait le tout, dissimulant toute disparité et portant une riche polychromie de couleur rouge, ocre et noire, visible ici au niveau des lèvres et du large bandeau ceignant la tête du donateur.

 

Provenance : Collection privée, Allemagne, depuis le milieu des années 1950.