La déesse Tārā sous son aspect Vajratārā

Bronze doré
Népal, Vallée de Kāthmāndu
XVe-début du XVI e siècle. Epoque du Malla récent (1482-1768)
H. 12 cm

Vendu

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Description

Tārā, nom sanskrit de la déesse, est construit sur la racine verbale « Tṛ » ou « Tar », signifiant « traverser, franchir » et par dérivation « conduire, protéger ». Tārā est à la fois « Celle qui fait traverser », la Sauveuse, mais également l’Etoile qui permet de voir le chemin à suivre (Mallmann, 1975, p. 368).

Les enseignements concernant cette déesse remonteraient à Nāgārjuna. La première mention littéraire de la déesse se trouve dans la traduction en chinois du Mahāvairocana sūtra faite par le moine Śubhakārasiṁha dans la première moitié du VIIIe siècle (Tucci, 1949, vol II, p. 397). Ce dernier point souligne le caractère purement tantrique de la divinité. Tārā devint rapidement une divinité importante dans le nord de l’Inde, particulièrement vénérée à Nālanda au Bihār.

Selon la tradition, le culte de la déesse aurait été introduit au Tibet par la princesse Bhṛkutī l’épouse newarî du roi Srong-brtsan sgam-po (circa 627-649). Pratiques piétistes et liturgies en l’honneur de Tārā ne se développent cependant vraiment qu’avec la venue d’Atīśa (982 -1054) au Tibet occidental en 1042. Il composa quatre textes concernant la divinité (Beyer, 1973, p. 11). Le célèbre missionnaire vouait à la déesse un culte particulier, une vision de Tārā ayant été la cause de sa vocation religieuse (Snellgrove, 1987, p. 479). La première traduction du sanskrit en tibétain d’un des textes fondamentaux concernant la déesse, l’Ekavimśatistotra, Hommage aux vingt et une Tārā, fut réalisé par Dar-ma-grags, le traducteur (lotsava) de gNyang (Beyer, 1973, p. 13).

Tārā considérée comme la contrepartie féminine du bodhisattva Avalokiteśvara, serait née d’un rayon de l’œil frontal du buddha Amitabha, alors que le « Tout Compatissant » (Avalokiteśvara) serait issu d’une de ses larmes. La déesse cependant n’est pas considérée comme appartenant d’emblée au clan spirituel de ce jina puisque sa forme principale, de couleur verte, la rattache au jina Amoghasiddhi dont parfois une petite image pare son chignon. Comme Avalokiteśvara, la déesse protège de huit périls qui sont les attaques des lions, les charges d’éléphants, le feu, les serpents, les brigands, l’eau, les épidémies et les attaques des ennemis (Tucci, 1949, vol II, p. 390).

Dans la Sādhanamālā n° 96, cet aspect de la déesse est appelé Vajratārā selon Ārya Nāgārjuna (Mallmann, 1975, p. 370). Elle paraît avoir seize ans et porte des ornements variés. Sa main droite fait le geste de don et la gauche tient la tige d’un lotus utpala. Sur la statuette ici commentée, les fleurs sont dédoublées. Des yeux, ici matérialisés par des incrustations réelles ou feintes marquent le front et la paume des mains de la déesse. La déesse, assise dans l’attitude du diamant, sur une lune au-dessus d’un lotus blanc, est entourée d’un nimbe de couleur blanche.

Il convient de noter que M.-T. de Mallmann, suivant en cela la Sādhanamālā réserve le nom de Sitatārā, « Tara blanche », à la forme à quatre bras de la déesse (1975, p ; 371). Elle se démarque ainsi d ‘autres iconographes telle A. Getty (1962, p. 122).

La charmante statuette, à l’impeccable couverte à l’amalgame de mercure, présente un visage au large front et à l’expression particulièrement juvénile. Le socle possède un alignement de pétales de lotus hauts et étroits particulièrement en usage au XVe siècle.

Ouvrages cités :

  • Beyer, Stephen, The Cult of Târâ. Magic and Ritual in Tibet. Berkeley – Los Angeles- Londres : University of Calfornia Press, 1973.
  • Getty Alice, The Gods of Northern Buddhism. Oxford: The Clarendon Press, 1914; rééd. Oxford : Oxford University Press,1928; Rutland (Vermont)-Tokyo: Charles E. Tuttle Company, 1962.
  • Mallmann Marie-Thérèse, Introcuction à l’ iconographie du tantrisme bouddhique. Paris: Adrien Maisonneuve, 1975.
  • Snellgrove, David L., Indo-Tibetan Buddhism. Indian Buddhists and their Tibetan Successors. Londres: Serindia Publications, 1987.
  • Tucci, Giuseppe, Tibetan Painted Scrolls. Rome: Libreria dello Stato, 1949 (3 vol.).

Provenance :

  • Collection américaine depuis 1980
  • Christie’s, New York, Indian, Himalayan and Southeast Asian Works of Art, lot n°207.

Publication :

  • Himalayan Art Resource (himalayanart.org), item n°24286