Le Sommeil des femmes

Schiste
Ancienne province du Gandhāra
II-IIIe siècle
Hauteur : 44 cm

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Description

Le Sommeil des femmes est le sujet de ce rare et beau relief gandharien. Mesurant 44 cm de hauteur, cette œuvre de taille significative est datée des IIe-IIIe siècles de notre ère et provient de l’ancienne province du Gandhāra, région où se mêlent subtilement les influences du monde gréco-romain à celles des cultures parthe et indienne.

L’histoire raconte qu’après avoir vécu de nombreuses années dans le palais de son père sans jamais voir le monde extérieur, le prince Siddhārtha – le futur Buddha – fit quatre sorties décisives au cours desquelles il rencontra un vieillard, un malade, un cadavre et un ascète. A l’issue de la dernière rencontre et alors qu’il se trouve dans son palais entouré de toutes les femmes endormies, il les imagine soudain sans vie, comme dans un charnier. Comprenant alors l’aspect illusoire du monde des plaisirs et prenant conscience du caractère éphémère de la vie, il décide de quitter définitivement le palais et de rechercher l’Éveil.

La scène prend place dans le gynécée, la partie du palais de Kapilavastu dédiée aux appartements des femmes. Deux d’entre elles dorment assises, les jambes ramenées contre elles, la tête baissée, le dos appuyé contre une colonne. Une autre devait être figurée allongée sur un lit, comme le suggèrent le bras et le coussin préservés à gauche. Au-dessus, une femme armée d’une lance garde et veille. Vêtues de tuniques à manches, elles sont toutes élégamment parées de bijoux. Les coiffures sophistiquées aux mèches de cheveux savamment ramassées en chignon et rehaussées d’une couronne sont caractéristiques de la région et particulièrement bien détaillées ici.

Il s’agit d’une œuvre très intéressante car à la figuration charmante de ces femmes endormies, s’ajoute la place prééminente donnée à l’architecture. La composition ainsi préservée est unique : la colonne apparaît à la fois comme élément décoratif et structurel, elle scande la scène en lui donnant un rare élancement. Respectant une iconographie typiquement indienne, le fût en bois ne repose pas à même le sol mais dans un pot en terre, le préservant de l’humidité et des insectes xylophages. Le chapiteau est par ailleurs une variation architecturale des soutiens d’entablement achéménides. Il soutient un balcon adjacent à un fronton de forme trapézoïdale et sur lequel de petits personnages, peut-être des servantes, regardent la scène à la manière d’une représentation théâtrale.

La beauté de la pièce réside ainsi dans le caractère architecturé et narratif de la scène, tout en illustrant un moment décisif de la vie du Buddha historique.

 

Provenance : Collection privée, Royaume-Uni.