Maravijaya en bronze
Bronze
Laos
XVI-XVIIe siècles
H. 59 cm
Vue à 360°
Description
L’essor du royaume de Lan Xang
Au milieu du XIVe siècle, est fondé le premier royaume Lao après une occupation khmère sur le territoire. Carrefour d’influences, le Laos conserve de nombreuses traditions khmères, mais s’inspire également de son voisin thaïlandais, au niveau politique comme artistique. Adeptes du bouddhisme theravada, ou bouddhisme du petit véhicule, les souverains encouragent la création d’images religieuses, qui illustrent cette tradition syncrétique.
Une représentation d’un Eveil empreint de sérénité
Cette image de Buddha fondue dans le bronze est recouverte d’une patine sombre, qui laisse entrevoir des traces de dorure. Le Buddha prend place sur un socle, représenté dans une attitude très populaire dans l’art thaï et reprise au Laos, à savoir assis en tailleur avec la jambe droite repliée sur la gauche. De sa main droite, paume tournée vers l’intérieur, il effectue le mudrā de la prise de la terre à témoin. Symbolisant l’Eveil et la victoire sur Māra, ce dernier fait partie des six gestes canoniques du Buddha lors des principaux évènements de sa vie, repris dans l’iconographie bouddhique.
Śākyamuni est ici représenté lors de son Eveil sur le site de Bodgāya au Bihār, lieu où les Buddha des époques cosmiques passées avaient connu leur Illumination. Assis sous un pipal, plongé dans une profonde méditation, il résiste aux assauts de Māra (« Mort »). Dieu des désirs sans cesse inassouvis, et causes du cycle sans fin des réincarnations, ce dernier sent son empire menacé par la découverte d’un moyen de salut qui serait prêché aux créatures. Il cherche à distraire le Bienheureux de diverses manières et prétend alors revendiquer pour lui-même le trône de l’Eveil.
Une image de dévotion
Délimitée par un liseré sur le front, sa coiffure est composée de boucles saillantes, comparable aux représentations thaïes. La protubérance crânienne (usnîsa) est surmontée d’une flamme. Son visage arrondi au modelé souple, est empreint de sérénité. Sa position, ainsi que ses oreilles particulièrement allongées et pointues, sont des éléments illustrant le syncrétisme artistique avec l’art thaï, tandis que le modelé du corps et le hiératisme de la représentation témoignent davantage d’une influence khmère.
Les yeux mi-clos étaient autrefois incrustés de nacre, devaient conférer au personnage une présence quasi-hypnotique dans la pénombre d’un sanctuaire.
Provenance : Collection Godfried Wauters.