La déesse Tārā, sous son aspect Vajratārā

14 000,00

Bronze
Tibet
Milieu du XVIIe siècle
H. 6 cm

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Description

Cette Tārā en bronze, haute de 6 cm, est à rattacher à l’extraordinaire artiste tibétain Chos-dbyings rdo-rje (1604-1674), le Xe Karmapa. Les progrès de la tibétologie permettent en effet de reconstituer la production originale et passionnante de ce pontife.

La statuette représente la déesse Tārā sous son aspect Vajra. Particularités de son iconographie, on aperçoit des traces des yeux présents sur le front et les paumes des mains. De l’une, elle répand ses faveurs spirituelles et de l’autre elle tient la tige d’un lotus utpala bien explicité. Tārā est considérée comme la contrepartie féminine du bodhisattva Avalokitésvara et comme lui, elle protège de huit périls, notamment du feu, de l’eau, de l’attaque d’animaux sauvages et de brigands, ou encore des épidémies.

Chos-dbyings rdo-rje réalise des sculptures d’un style aisément reconnaissable et très original. Il invente une synthèse archaïsante à partir de deux styles anciens principaux : le Kaśmīr de l’époque médiévale (VIIIe-XIVe s.) et la Chine des Tang (618-907), mais pas seulement. Ainsi, la position assise les chevilles croisées, non-canonique dans l’art du Vajrayāna, rappelle les antiques bodhisattva des sanctuaires rupestres de l’époque des Wei du Nord (386-537). Les seins, petits et charnus, d’une rondoïté parfaite, sont caractéristiques de sa manière. Il en est de même du visage allongé et de la coiffure fantaisiste renvoyant à l’Inde classique. Le trône de lotus de la déesse se trouve en haut d’un amoncellement de rochers peuplés de musiciens et de personnages secondaires, comme nous le rencontrons sur plusieurs sculptures kaśmīriennes.

La vie de Chos-dbyings rdo-rje pourrait faire l’objet d’un roman. Il appartient à cette génération exceptionnelle de pontifes tibétains du XVIIe siècle aux dons multiples, que l’on pourrait comparer aux personnalités de la renaissance occidentale. Artiste réputé, actif dès l’âge de onze ans, il est reconnu comme étant aussi habile en peinture qu’en sculpture. Il vécut trente ans en exil et c’est à Li Jiang dans l’actuelle province du Yunnan en Chine qu’il réalisa la plus grande partie son œuvre. Grâce aux pièces conservées localement au musée municipal, les historiens d’art reconstituent son action.

Notre sculpteur réalisa plusieurs Tārā comparables en taille et en qualité à la nôtre. Prudemment, la plupart sont considérées comme des œuvres d’atelier bien qu’il soit douteux que l’atelier ait continué à produire des sculptures après le retour du pontife au Tibet central pour mourir. Elles ont pu entourer une image plus grande de la déesse et constituer ainsi des groupes canoniques homogènes de vingt-et-une Tārā.

 

Provenance : Collection privée, USA.