Durgā

Description

Cette très belle stèle en pierre noire représente très probablement la déesse de la guerre dans le Panthéon hindou, Durgā.

Durga est en effet reconnaissable ici à sa silhouette harmonieuse et souple, sa poitrine généreuse incarnant un idéal féminin tel qu’on se le représentait dans l’Inde médiévale. Elle est également représentée parée de lourds bijoux et ornementations : boucles d’oreilles pendantes et imposantes, colliers luxueux reposant sur le haut de sa poitrine. Elle est coiffée d’un chignon structuré et complexe, s’apparentant au chignon d’ascète. La déesse est le symbole de la puissance, de l’énergie féminine et de la protection contre les forces négatives et les démons. Ses traits stylisés sont donc assez durs et expriment le défi, typique de l’iconographie de Durgā.

Selon la mythologie hindoue, Durga a été créée à partir des énergies combinées des dieux hindous Brahma, Visnu et Siva pour vaincre un démon appelé Mahishasura. Le combat entre Durga et Mahishasura est considéré comme un symbole de la victoire du bien sur le mal. C’est pourquoi, sur cette représentation chacune des mains de Durga tient le symbole d’un des dieux ci-dessus. Elle porte en effet le trident de Siva, le disque chakra attribué à Visnu, l’arc de Surya et enfin le vajra donné par le dieu Indra. Chacun de ces attributs contribue à renforcer l’image de guerrière de la déesse. Nous pouvons également apercevoir Damon le tigre, sa monture et symbole de sa puissance illimitée couché à ses pieds.

Cette très belle stèle est datée du X-XIe siècle et est emblématique de la période Pāla comme en témoigne le travail raffiné de la pierre noire avec une attention particulière portée aux détails tels que les bijoux ou les traits du visage de la déesse. La beauté de cette stèle réside aussi  dans l’équilibre mêlant richesse iconographique et sobriété stylistique, typique de l’art Pala. L’indéniable clarté des détails sculptés, l’élégance des personnages ou encore le fond de stèle plein sont autant d’éléments permettant d’avancer une datation ancienne, vers le X^e siècle. L’œuvre n’en est que d’autant plus remarquable.

Provenance : Collection privée, acquis chez Jean Nies ; collection privée, R-U, acquis dans les années 1980.