Tête de Buddha

Schiste
Ancienne province du Gandhāra
IIe-IIIe siècle
H. 18 cm

Dossier détaillé

Présentation vidéo

Vue à 360°

Loading...

Catégorie : Étiquette :

Description

Le premier visage du Buddha
Cette figure de Buddha possède un visage d’une qualité exceptionnelle, caractéristique des plus grands ateliers de la région de Peshawar (Pakistan). C’est dans cette région qu’apparaît pour la première fois la figure du Buddha historique (563 – c.480 av. notre ère), dont les textes et les productions abondantes vont contribuer à la diffusion de la doctrine bouddhique le long des antiques routes de la soie. La tête, très légèrement inclinée, dégage selon les codes de l’art « gréco-bouddhique » du Gandhāra un sentiment de plénitude et de piété. Se conformant aux prescriptions iconographiques distinctives qui caractérisent les représentations de Śākyamuni (lakṣaṇa), le visage comporte une touffe de poil ou ūrṇā entre les arcades sourcilières, symbole de son omniscience, tandis que les paupières, mi-closes, sont le signe de sa profonde méditation. La bouche, petite et charnue, presque sensuelle, est caractéristique du style naturaliste gandharien, tout comme la chevelure traitée en fines mèches ondulantes ramenées en chignon sur le sommet du crâne, à l’endroit de l’uṣṇīṣa.

Un témoin de l’effervescence artistique du Gandhāra
Parfaite illustration de l’art du Gandhāra à son apogée, cette tête est un exemple des métissages artistiques indo-hellénistiques qui s’expriment pleinement sous le mécénat royal des souverains Kuṣāṇs ou Yuezhi (Ier s av JC- 240 ap JC). Aux côtés des anciennes représentations aniconiques, cette figure du Buddha déploie une iconographie dont elle fixe durablement les codes. Elle témoigne des apports de la statuaire grecque par le classicisme de ce visage apollonien, son naturalisme, sensible dans l’harmonie plastique du visage ainsi que des influences indo-parthes dans les codes stylistiques, notamment la représentation du chignon à l’image de ceux des princes cavaliers.

Un schiste de grande qualité
Matériau de prédilection de cet art gréco-bouddhique, le schiste est présent sous diverses formes dans toute la région du Gandhāra et son pourtour. Cette sculpture laisse ainsi observer de grandes proximités stylistiques avec les créations de Takt-i-Bahi dans l’accentuation des reliefs de la coiffure ainsi que la stéréotypie des visages. La qualité du schiste dense utilisé pour cette sculpture est une autre indication de sa réalisation pour un mécène d’élite. L’emploi de cette pierre tendre permet beaucoup d’aisance dans son traitement et d’obtenir, comme ici, des visages au modelé incroyablement souple. La bouche, à la réalisation particulièrement sensible, en est un bel exemple. Au revers, est encore visible la présence d’un étai reliant l’arrière du crâne au nimbe, dispositif iconographique d’origine iranienne qui mettait en valeur la figure du Bienheureux.

 

Provenance : Collection privée, Pays-Bas, acquise à la Galerie De Ruimte, Eersel (Jean et Marcel Nies) avant 1985.