Statue de Buddha Śākyamuni

Schiste
Ancienne région du Gandhāra
IIe-IIIe siècle
H. 66 cm
 

Dossier détaillé 

Vue à 360°

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Description

Le Buddha Śākyamuni

Cette superbe sculpture provient de l’ancienne région du Gandhara (Afghanistan, Pakistan), et représente le Buddha debout. On reconnait le Bienheureux à son costume monastique lui couvrant ici les deux épaules, et à la mandorle circulaire derrière sa tête ; mais surtout aux lakṣaṇa, marques ou signes distinctifs du Buddha Śākyamuni, notamment la protubérance crânienne (uṣṇīṣa), la touffe de poils entre les yeux (ūrṇā) et ses lobes d’oreilles distendus, révélant sa richesse passée. Le bras droit est fragmentaire, mais sa main devait esquisser le geste d’absence de crainte (abhaya mudrā), paume tournée vers l’extérieur et doigts tendus. Cette iconographie est conventionnelle pour représenter le Buddha historique et se fixe aux premiers siècles de notre ère, lorsque la représentation anthropomorphe du Buddha apparaît.

 

Un art à la croisée des civilisations

Cette sculpture est caractéristique de l’art de la région du Gandhāra, notamment par le drapé aux plis concentriques, retenu d’une main par le Buddha, qui relève d’une influence hellénistique témoignant des échanges et contacts de civilisations. C’est ce que l’historien Alfred Foucher a établi comme étant l’art gréco-bouddhique : un art syncrétique né au Gandhāra, à la faveur de la rencontre entre les mondes grec, perse, et indien, notamment grâce au commerce caravanier et la Route de la Soie. On retrouve donc toutes les qualités caractéristiques de cette région, alliant la finesse du réalisme hellénistique et les codes iconographiques de la religion bouddhique.

 

Un savoir-faire remarquable

Le visage rond et plein, d’une grande douceur et d’une grande sérénité, les paupières mi-closes, le nez droit, la petite bouche charnue ainsi que l’usage du schiste témoignent d’un art parfaitement maîtrisé dans sa facture, souligné par son excellent état de conservation. Cette remarquable sculpture prenait probablement place dans un des deux espaces des monastères du Gandhāra : une cour accessible aux dévots et encombrée de toutes sortes de monuments ex-voto, tels que des tumulus reliquaires (stūpa) et des chapelles, et, au-delà, un espace réservé aux seuls moines. Il s’agit donc là d’une œuvre unique et puissante, porteuse d’une histoire millénaire.

 

Provenance : Ancienne collection japonaise depuis 1980. Ancienne collection privée anglaise, acquis au Japon en 2003.