Maitreya
Schiste
Ancienne province du Gandhāra
IIe-IIIe siècle
H. 25 cm ; L.48 cm
Description
Maitreya, le Buddha du Futur
Faisant l’objet de toutes les dévotions, le bodhisattva Maitreya est ici figuré assis, trônant et attendant la prochaine période cosmique dont il deviendra le Buddha historique (manuśi buddha dans le Mahāyāna). Il est reconnaissable grâce à l’aiguière (kuṇḍikā) d’eau lustrale qu’il tient dans sa main gauche, et devait accomplir de sa main droite levée le geste d’absence de crainte (abhaya mudrā). Il est vêtu comme un prince indien, le torse nu, un pan de son vêtement (uttarīya) couvrant l’épaule gauche, paré de riches bijoux et la coiffure particulièrement élaborée. Bodhisattva très important et reconnu par tous les courants du bouddhisme, Maitreya est peut-être le premier dont l’iconographie se fixera au Gandhāra. Comme les autres bodhisattva, il est « promis à l’Eveil » et refuse par compassion l’illumination suprême sans que la totalité des créatures souffrantes qui peuplent le monde phénoménal ne les accompagnent.
Une dévotion manifeste
Maitreya apparaît entouré d’une assemblée qui l’honore et le révère. Directement à sa gauche se tient une femme tenant une lance de sa main gauche et probablement un chasse-mouche de sa main droite. Elle est représentée à l’image des gardiennes surveillant silencieusement de nombreux épisodes de la vie du Buddha historique, Siddhārta, dans l’art du Gandhāra. Sa présence souligne le caractère souverain de Maitreya. Un petit personnage écoute à l’arrière le prêche du bodhisattva, tandis qu’à gauche se tiennent trois riches dévots parés de lourds pendants d’oreilles, venus lui rendre hommage. Le premier homme est vêtu d’une tunique aux manches longues et ses longs cheveux ondulent jusqu’aux épaules avec une partie des mèches nouées en chignon souple. Derrière lui, deux donateurs apportent des offrandes. Leurs tonsures et vêtements distinctifs laissent penser qu’il s’agit d’étrangers. Enfin, un moine figuré sur le pilier qui clôt la scène, s’incline respectueusement les mains jointes. Cette assemblée était complétée par d’autres dévots se tenant derrière la gardienne.
Une incroyable fusion des motifs
L’art du Gandhāra possède nombre de styles régionaux et sans préjuger de sa provenance effective, ce relief participe de la production la plus accomplie. Les influences diverses se mêlent avec harmonie. Pilier au chapiteau corinthien d’origine hellénistique, tonsures et vêtements des dévots peut-être d’Asie centrale, coiffure féminine élaborée typiquement indienne : cette stèle reflète l’incroyable cosmopolitisme qui caractérise cet art. On peut encore citer les riches bijoux du bodhisattva, issus du Sous-Continent, qui voisinent avec de beaux drapés traités parfois avec un certain graphisme que l’on pourrait rapprocher des sculptures parthes.
Provenance : Collection privée américaine, acquise chez Sotheby’s New York en 1991.