Mahācīna-Tārā

Bronze
Népal
XVe siècle
H. 15 cm

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Description

Cette déesse à l’aspect courroucé possède quatre bras portant divers attributs habituels des divinités farouches : le couperet (kartrikā) et la coupe crânienne (kapāla) dans les mains principales ; le glaive (khaḍga) et un objet difficilement identifiable dans la deuxième paire de mains. Par comparaison, on pourrait supposer qu’il s’agisse d’un cœur saignant, arraché avec des lambeaux d’artères et de veines de la poitrine d’un impie. La déité est debout sur une aire sacrificielle triangulaire portant un cadavre, le tout sur une fleur de lotus épanouie.

La déesse porte le nom de Mahācīna-Tārā et témoigne des cultes tantriques syncrétiques bouddhistes et hindous en pays newar. Elle porte également le nom de Prajṅādevī. Elle participe du groupe des 21 Tārā mais est également assimilée à Prajṅāpāramitā. La légende qui traite de l’origine de son culte comprend des éléments tant bouddhiques qu’hindous. Le sage Vasistha ne parvenait pas à visualiser la déesse Tārā et demanda les conseils de son maître spirituel, le dieu Brahmā. La déesse cependant finit par lui apparaître et lui prescrit d’aller à Mahācīna afin d’y rencontrer Buddha, ultime avatara de Viṣṇu. Ainsi, sur le lieu appelé Mahācīna, il put rendre hommage à Tārā, qui lui apparut sous cette iconographie spécifique (Mahācīna Tārā). Elle est parfois confondue avec la redoutable Ekajatī.

Les représentations de cette déesse sont rares. La pièce ici commentée est quasi identique à une statuette autrefois présente à la galerie Marco Polo à Paris et reproduite par Ulrich von Schroeder (1981, p.366-367, n°99E). Outre de nombreux détails, les socles des deux déités sont très proches, supportés dans les angles par des pieds carrés ornés de lions. Les quatre portes du yantra sont traitées en hors d’œuvre. En dessous de chacune d’entre elles, retombe un tapis ouvragé au profil chantourné.

Ulrich von Schroeder date la statuette du XVe siècle, époque qui voit le partage de la vallée de Kāthmāndu en 1479, début de la période du Malla récent. Artistiquement, ce siècle voit la prolongation du grand art du Malla ancien (1200-1479) mais souvent avec un rendu plus décoratif et une tendance à une diversification iconographique extrême qui triomphera au XVIe siècle. Sur la pièce qui nous occupe, il faut mentionner la finesse de certains détails telle la tête de la peau de félin qui ceint la taille de la déesse

Ouvrage cité : Schroeder, Ulrich von, Indo-Tibetan bronzes. Hong-Kong: Visual Dharma Publications, 1981.