Ganeśa
Grès
Inde centrale
Xe-XIe siècle
H.100 cm ou 39 ½ in
Description
Fils de Śiva, cette déité à tête d’éléphant est un des dieux les plus populaires du panthéon hindou comme l’atteste ses représentations innombrables dans tout le Sous-Continent.
Son chef animalier intrigue, maladroitement expliqué par plusieurs légendes assez tardives, pas antérieures au VII e siècle. Selon le Śiva Purāṇa, la déesse Pārvatī, épouse de Śiva, fit protéger ses appartements par un garde, Vighneśvara, « Seigneur des obstacles » qu’elle fabriqua avec de la poussière mélangée à un lambeau de sa propre chair. Siva, arrêté à l’entrée de la chambre de son épouse, décapita le garde. Devant la colère de sa femme, il promit de lui redonner vie et de le pourvoir de la tête du premier être de passage. Ce fut un éléphant dont on prit le chef. L’être composite fut immédiatement proclamé enfant du couple divin. L’assimilation par l’hindouisme d’un culte aborigène pré-védique, rencontré par les brâhmanes au fur et à mesure de la constitution de cette religion dans les siècles qui précèdent l’ère chrétienne, constitue hypothèse la plus vraisemblable quant à l’origine de la déité.
Dieu des basses castes, très prié dans les campagnes, Ganeśa reçoit également un culte fervent de la part des brâhmanes qui, entre autres, lui adressent une prière avant chaque cérémonie car Ganeśa lève les obstacles pour le bon déroulement des rituels comme de toute entreprise humaine. Il ne possède qu’une seule défense. Il coupa la seconde pour transcrire la grande épopée du Mahābhārata que lui dictait le sage Vyāsa.
« Seigneur des gaṇa », il est le chef d’une troupe de nains (gaṇa) musiciens difformes, chantant et dansant pour distraire le couple de Śiva et de Pārvāti, en particulier après leurs noces, quand la jeune épousée se prélasse près de son amant divin dans sa demeure du Kailāsa dans l’Himālaya. C’est pourquoi sur de nombreuses sculptures comme ici, Ganeśa est représenté esquissant un pas de danse.
Les mains droites étant brisées il est impossible de restituer ses attributs. La première main gauche pourrait tenir entre le pouce et l’index une boulette de sucrerie dont le dieu gourmant raffole. La seconde main gauche tient la corde comme il est fréquent dans une iconographie du dieu originaire du Sud.
Ganeśa apparaît également dans un autre contexte. Il accompagne le groupe des sept Mères (Mātṛkā), déesses hindoues redoutables liées à la protection des enfants en bas âge. Sur la stèle ici commentée, elles entourent le dieu-éléphant. Leurs images sont trop érodées pour pouvoir les identifier. On peut supposer cependant que Maheśvarī (Mahișamardinī) pourfendant de son trident le démon-buffle se trouve au sommet de la stèle, juste au-dessus de la tête du dieu.
La simplification de la joaillerie inciterait à situer l’œuvre à une date assez basse malgré le dynamisme indéniable du mouvement qui constitue le grand attrait de la pièce.
Provenance : Collection privée, Angleterre, depuis les années 90.
Certificat Art Loss Register ref. S00109291