Fragment architectural

Grès
Inde central ou Rājasthān
XIe ou XIIe siècle
H. 64 cm ou 25 ¼ in

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Description

Ce fragment de linteau et ce haut de jambage sont caractéristiques de l’architecture de l’Inde à l’époque médiévale (IXe-XIIe siècles). Les sanctuaires se couvrent alors de sculptures mêlant les figures divines à un décor architectural stéréotypé.

La partie centrale du linteau portant généralement la figure de la divinité à laquelle est dédié le temple ayant disparue, il est difficile de commenter de manière pertinente ce grand relief. De même les attributs portés par les personnages sont difficilement reconnaissables. Toute identification reste donc très conjecturale. Cependant, la jeune femme en haut du piédroit pourrait peut-être identifiée comme la grande déesse de l’hindouisme. Elle est entourée par les différents animaux symboliques des différentes strates du monde. Le couple d’amoureux à ses côtés n’appartient pas aux groupes habituels des mithuna, fréquents sur les façades des temples. L’homme porte un lourd chignon d’ascète et renvoie à un contexte śaiva aux pratiques tantriques sexuelles attestées.

Plus hypothétiques demeurent les autres personnages, dont la série de figures virils, coiffés de haut chignon, répartis par deux et se détachant sur une galerie dont les minces colonnes sont en partie conservées. Cette particularité est très inhabituelle. Il est de même très difficile d’identifier les deux petits personnages du registre supérieur. Celui abrité sous l’édicule de droite est entouré d’enfants. L’autre, plus au centre, tient un attribut indistinct. De semblables édicules devaient scander le reste du registre, peut être au nombre total de cinq. L’absence des trois autres personnages interdit d’identifier avec certitude le groupe ainsi formé, peut être des ṛṣi de la tradition śaiva.

Des éléments architecturaux structurent fortement la composition. Parties lisses, tels des pilastres, contrastent avec des parties très décorées : masque léonin ou de kīrtimukha en haut du piédroit, bandeaux floraux extrêmement stylisés, traités en méplat, et surtout multiplication de petits arcs indiens.

Ces ouvertures ovoïdes se rencontrent dès les premiers témoignages de l’architecture indienne. Un grand arc indien ouvre ainsi à l’air et à la lumière la partie supérieure des façades des cavernes excavées dès le IIe siècle av. J.-C. Leur terminologie reste problématique même si certains auteurs les nomment « kudu », « trou » ou « gavakṣa window », « baie en forme d’oreille de vache ». Après une longue évolution, multipliés, ils vont couvrir en fine résille les façades des tours obus (śikhara) élevés au-dessus des cellas des temples hindous. Cantonnés sur certains bandeaux centraux à l’époque gupta (IVe-VIe siècle), ils vont dès le VIIIe siècle couvrir la totalité des parties hautes, au Rājasthān semble-t-il dans un premier temps, puis dans toute l’Inde du Nord à l’époque des Gurjara-Pratihāra (VIe-XIe siècles).

Provenance: Spink & Son, Londres, 1996.
Art Loss Register Certificate, ref. S00109292.