Buddha debout

Schiste
Ancienne région du Gandhāra
III-IVème siècles
H. 90 cm

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Description

Le Buddha Śākyamuni

Cette superbe sculpture provient de l’ancienne région du Gandhara, qui englobait des territoires de l’Afghanistan, du Pakistan et du nord de l’Inde. Le Buddha est ici représenté debout. On reconnait le Bienheureux à son costume monastique lui couvrant ici les deux épaules, et à la mandorle circulaire derrière sa tête ; mais surtout aux lakṣaṇa, marques ou signes distinctifs du Buddha Śākyamuni, notamment la protubérance crânienne (uṣṇīṣa), la touffe de poils entre les yeux (ūrṇā) et ses lobes d’oreilles distendus, révélant sa richesse passée. Le bras droit est fragmentaire, mais sa main devait esquisser le geste d’absence de crainte (abhaya mudrā), paume tournée vers l’extérieur et doigts tendus. Cette iconographie est conventionnelle pour représenter le Buddha historique et se fixe aux premiers siècles de notre ère, lorsque la représentation anthropomorphe du Buddha apparaît.

Un art à la croisée des civilisations

Cette sculpture est caractéristique de l’art de la région du Gandhāra, notamment par le drapé mouillé aux plis concentriques, qui relève d’une influence hellénistique témoignant des échanges et contacts de civilisations. On retrouve toutes les qualités caractéristiques de cette région, alliant la finesse du réalisme hellénistique et les codes iconographiques de la religion bouddhique.

Venus d’Asie centrale, les souverains Kuṣāṇa (Ier- IIIe siècles) sont les principaux mécènes au sein de cette zone géographique, et c’est sous leur impulsion que l’art du Gāndhāra connait un formidable développement. C’est un véritable empire, qui comprenait des territoires allant de l’Ouzbékistan à l’Inde du Nord. Ce puissant royaume se situe au carrefour de nombreuses influences, notamment grâce au commerce caravanier et la Route de la Soie.

Ce style syncrétique, si original dans l’art bouddhique, connait une grande postérité au Gāndhāra, lui assurant ainsi sa popularité.

Un savoir-faire remarquable

Le visage rond et plein, d’une grande douceur et d’une grande sérénité, les yeux étirés en amande, le nez droit, la fine bouche ainsi que l’usage du schiste témoignent d’un art parfaitement maîtrisé dans sa facture, souligné par son excellent état de conservation. Cette remarquable sculpture prenait probablement place dans un des deux espaces des monastères du Gandhāra : une cour accessible aux dévots et encombrée de toutes sortes de monuments ex-voto, tels que des tumulus reliquaires (stūpa) et des chapelles, et, au-delà, un espace réservé aux seuls moines. Il s’agit donc là d’une œuvre unique et puissante, porteuse d’une histoire millénaire.

Provenance : Collection Hort Bucholz dans les années 60, puis Galerie du Rhône.