Tête de Durgā

Terre cuite
Inde du nord
Ve-VIe siècle, période Gupta
H. 25 cm

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Description

L’art Gupta au Bangladesh
Exceptionnelle par son style et sa facture, cette figure de Durgā en terre cuite constitue un témoin précoce des premières représentations de l’hindouisme au Bangladesh. Aux frontières de l’Empire Gupta, alors que d’importants centres de création de sculpture en terre cuite émergent autour de Mahāsthān et Pāhārpur (IVe-VIe siècles), la création artistique mêle très vite aux canons classiques gupta des éléments stylistique et dévotionnel locaux. On retrouve ainsi dans ce superbe visage, l’expressivité dominante des figures bangladaises, le traitement particulièrement élaboré de la coiffe ainsi qu’un diadème qui devait être pourvu d’un bijou central.

Classicisme des traits : l’âge d’or de l’art indien
Le visage, très raffiné, est d’un ovale parfait. Les contours des yeux allongés sont soigneusement incisés et les paupières retombent légèrement, rehaussées par de longs sourcils graphiques. Les joues sont pleines et les lèvres charnues au modelé sensible esquissent un léger sourire. Ce visage aux traits si caractéristiques de l’art gupta, est mis en valeur grâce à un nimbe doublé au niveau de la nuque par une parure de textile rehaussé de passementeries, visible en partie gauche de l’oeuvre. Il faut encore souligner le travail de la chevelure très sophistiquée, consistant en de multiples petites mèches tressées retombant en cascade, tandis qu’un bandeau ponctué de pastilles de terre crue imitant des pierreries laisse passer des boucles de cheveux sur le front. Le diadème, enrichi d’un bijou central, imitait un travail d’orfèvrerie qui devait être comparable à celui bien conservé d’une représentation de Sūrya (?) conservée au Mahāsthān Archeological Museum (MAH 1553).

Une iconographie qui préserve une part de mystère
Alors que l’hindouisme et le bouddhisme font leur apparition au Bangladesh sous l’égide des Gupta dans les environs du IVe siècle, rares sont à ce jour les témoignages en terre cuite hindoues et bouddhiques qui nous soient parvenus de cette région à cette période. Pour cela, par sa taille et sa virtuosité, cette figure constitue un exemple d’une grande préciosité. L’analyse de la coiffe laisse à penser qu’il s’agit bien d’une déité féminine ou Devī. Le culte de Durgā et de la Śakti (énergie féminine) se fixent entre le Ve et VIe siècle et sont donc contemporains de notre sculpture. Etant donné l’importance de Durgā, il nous semble probable de voir dans cette tête une représentation de la grande déesse. En l’absence d’attributs distinctifs visibles, nous ne pouvons cependant rejeter d’autres hypothèses, telles que Pārvatī, ou même d’une image bouddhique d’un bodhisattva. Quoiqu’il en soit et sans conteste, cette oeuvre fait figure d’unicum par la préservation de sa polychromie, l’originalité des ornements et le raffinement des traits qui la caractérisent.

 

Provenance : Collection privée, Italie, acquise à Hong Kong.