Tête de Buddha en stuc

Stuc
Ancienne région du Gāndhāra, site de Haḍḍa
IV-Ve siècle
H : 25 cm

Vue à 360°

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Description

Le style d’Haḍḍa, une esthétique à part entière
Cette belle tête de Buddha en stuc est issue du site d’Haḍḍa, réunissant un ensemble de monastères bouddhiques, ayant révélé de nombreuses statues, souvent réalisées en stuc. Le site connait un grand développement, et témoigne de la postérité du style gréco-bouddhique à une époque relativement tardive.
A Haḍḍa, l’influence grecque se ressent notamment dans le traitement des corps, des visages et des drapés, mais également dans les reprises iconographiques. Par exemple, l’iconographie d’Héraclès, typiquement grecque, est transposée à certaines statues bouddhiques, témoignant ainsi du syncrétisme du site.
Assimilé à l’art du Gāndhāra, l’art d’Haḍḍa se distingue néanmoins par l’influence hellénistique très marquée, créant ainsi une esthétique à part entière, qui se diffuse jusqu’aux confins de l’Asie grâce aux Routes de la Soie.

Une image du Buddha très humaniste
Le Buddha est reconnaissable à ses lākṣaṇa ou signes du Grand Homme. Il s’agit ici de sa protubérance crânienne, l’uṣṇīṣa, ainsi que la touffe de poils entre ses sourcils, appelée ūrṇā. Ces codes iconographiques se fixent aux premiers siècles de notre ère, en même temps qu’apparaissent les premières occurrences de représentations anthropomorphes du Buddha, rompant ainsi avec une longue tradition aniconique.
Ce changement de paradigme trouve son origine dans le développement d’un nouveau courant religieux, le Bouddhisme Mahāyāna, aussi appelé Bouddhisme du Grand Véhicule. Ce dernier touche désormais un nombre plus grand de fidèles, et n’est plus réservé à une élite monastique austère. A l’instar du bouddhisme Mahāyāna, l’art religieux se fonde sur l’approche sensible des représentations, jouant sur la connivence avec le fidèle. Les images de Buddha comme celles-ci se muent en véritables incarnations de la compassion, et l’art empreint de douceur se détourne ainsi de l’élite.
La production en stuc du Gāndhāra, dont cette tête fait partie, recouvre la fervente réalité religieuse des premiers siècles de notre ère dans cette région. Les coroplastes inspirent la vitalité à leurs œuvres par un traitement très sensible des chairs et du modelé, autrefois souligné par la polychromie, qui a disparu sur cette pièce. Il s’agit de frapper l’âme des spectateurs, de les impressionner, dans une recherche permanente de la meilleure manière de toucher les fidèles, tout en humanisant l’image du Buddha.

Le syncrétisme des images
Ce buddha possède un visage régulier, au nez fin et droit, à la bouche délicatement ourlée dont les commissures dévoilent un sourire doux et compatissant ; il présente une facture très réaliste. Son épaisse chevelure est traitée en boucles souples, à la manière des portraits d’Alexandre le Grand. Ses yeux allongés aux paupières délicatement incisées donnent révèlent un regard doux et empreint de sérénité. Tous ces éléments s’inscrivent dans l’art hellénistique, et témoignent de l’installation de grecs dans la région.
Venus d’Asie centrale, les souverains Kuṣāṇa (Ier- IIIe siècles) sont les principaux mécènes au sein de cette zone géographique, et c’est sou leur impulsion que l’art du Gāndhāra connait un formidable développement. C’est un véritable empire, qui comprenait des territoires allant de l’Ouzbékistan à l’Inde du Nord. Ce puissant royaume se situe au carrefour de nombreuses influences, notamment de ses voisins grecs, – successeurs d’Alexandre -, en Asie centrale ; puis de l’empire romain qui conquiert ces territoires.
Ce style syncrétique, si original dans l’art bouddhique, connait une grande postérité au Gāndhāra, lui assurant ainsi sa popularité. Cette tête en stuc, mêlant douceur et réalisme, en est un parfait exemple

Provenance : Collection privée française.