Tête de Buddha

Pierre noire
Thaïlande
VIIIe-IXe siècle, période Môn-Dvaravati
H. 25 cm

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Description

Née au cœur du royaume Mon Dvāravatī (VIᵉ–XIᵉ siècle), cette tête de Buddha incarne l’une des expressions les plus raffinées du bouddhisme ancien en Asie du Sud-Est. Situé dans la plaine centrale de l’actuelle Thaïlande, le Dvāravatī fut une confédération de cités-États où le peuple Mon fit rayonner le bouddhisme theravāda, transmis depuis l’Inde et le Sri Lanka. Carrefours commerciaux et spirituels, ces cités s’ornaient de stupas et de monastères, dont la statuaire portait autant une fonction dévotionnelle qu’un rôle pédagogique.

L’art du Dvāravatī, fortement inspiré des modèles indiens gupta et post-gupta, développe toutefois une identité propre, reconnaissable à la douceur sereine des visages, aux yeux mi-clos dans la méditation, au sourire intérieur empreint de compassion et à la chevelure soigneusement ordonnée en boucles régulières surmontant l’uṣṇīṣa. Cette esthétique, empreinte de recueillement et de sobriété, incarne une étape déterminante dans l’histoire de l’art bouddhique : elle est à la fois le témoin de l’implantation durable du theravāda en Asie du Sud-Est et l’ancêtre des grands styles thaïlandais ultérieurs, notamment celui de Sukhothaï.

Dans ce contexte, cette tête de Buddha se présente comme un témoignage rare et précieux de l’apogée du royaume Mon Dvāravatī, offrant à la fois la puissance symbolique de l’Éveillé et la délicatesse d’un art à la croisée des influences indiennes et locales.

La chevelure, composée de petites mèches en boucles régulières, s’élève en un uṣṇīṣa arrondi, symbole de l’éveil. Le visage, d’un ovale harmonieux, respire la sérénité : les yeux mi-clos traduisent la concentration intérieure, tandis que les lèvres esquissent un sourire empreint de compassion. Les longues oreilles percées rappellent le renoncement du Buddha aux biens matériels.

Par son modelé délicat, son expression de calme intemporel et la spiritualité qu’elle dégage, cette tête se distingue comme un chef-d’œuvre de l’art Dvāravatī. Elle témoigne d’un moment clé de l’histoire de l’Asie du Sud-Est, où le bouddhisme s’enracine profondément dans les territoires thaï-mon, ouvrant la voie aux grandes écoles artistiques ultérieures, telles que Sukhothai.

Cette sculpture constitue non seulement un témoignage exceptionnel de l’art bouddhique ancien, mais également une pièce de collection rare, capable de dialoguer avec les plus prestigieuses œuvres de l’Asie classique.

Provenance : Collection privée, USA, avant 1974.