Stèle Jaïne

Grès
Inde
VII-VIIIe siècle, période post-Gupta
H. 61,5 cm

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Description

Cette majestueuse stèle représente un Jina, ou Tīrthaṅkara, dans une attitude méditative.
Il est représenté nu – conformément aux prérequis iconographiques jaïns, et il est coiffé d’un chignon dont s’échappent des mèches retombant sur ses épaules. Cette coiffure caractéristique correspond aux codes de représentation du jina Rishabhanatha. Sa poitrine est ornée en son centre du nœud sans fin, également appelé śrīvatsa. La figure est entourée de deux assistants, et est assise sur un trône soutenu par deux lions de part et d’autre d’une roue de la loi – dharmachakra.
Ses grands yeux très étirés et ses lèvres charnues esquissant un léger sourire, sont autant d’éléments qui participent à cette impression de sérénité qu’évoque la stèle.
Le fort géométrisme et la stylisation caractéristiques des œuvres jaïnes sont ici adoucis par un soin particulier accordé aux traits de contour ou encore du fait de la finesse de ses sourcils, affinant sensiblement le visage.

Le jaïnisme, une religion indienne antérieure au bouddhisme
Les sanctuaires jaïnas comportent d’innombrables représentations des Tīrthaṅkara, appelés également Jina, êtres omniscients ayant échappé au cycle des réincarnations. Ces personnages hors norme, au nombre de vingt-quatre, s’égrènent durant toute l’histoire du monde et sont chargés de transmettre les fondements de la doctrine jaïne à travers les siècles. Celle-ci est antérieure au bouddhisme et l’un de ses principes fondamentaux est la non-violence (ahiṃsā), qui s’applique à toutes les créatures.

Un art religieux qui essaime en Inde
L’œuvre est caractéristique de la période médiévale en Inde, et son raffinement est tout à fait remarquable. Inspirée par les canons de l’art Gupta, la statuaire jaïne oscille entre profusion des décors et idéalisation austère des portraits. Le modelé tout en rondeur des traits du visage fait encore écho à la grande esthétique classique de l’empire Gupta. Ce fut d’ailleurs à cette même époque, et en empruntant à l’iconographie bouddhique les marques distinctives de la sainteté tels que la protubérance crânienne symbolisant l’intelligence du saint homme, que se fixa le canon jaïn.

La mythologie jaïne et le rôle de Rishabhanatha
Le premier des vingt-quatre sauveurs jaïns, Rishabhanatha (également connu sous le nom d’Adinatha, « Seigneur du Commencement »), est l’un des deux Jinas qui peuvent être identifiés sans attributs particuliers, dans son cas, uniquement grâce à ses longues tresses qui retombent sur ses épaules.
Les fidèles situent l’origine de Rishabhanatha il y a des millions d’années, au début de notre cycle cosmique actuel, et racontent qu’en plus de devenir un Tirthankara, il proposa aux êtres humains un ensemble de compétences pratiques et sociales diverses.

Provenance : Collection Michel Beurdeley, années 1970