Mahāvajrabhairava

Pigments à la détrempe sur toile.
Tibet
XVIIIe siècle
D. 73 x 50 cm ou 28 ¾ in

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Description

Dans le bouddhisme tibétain, Mahāvajrabhairava, « le Grand farouche adamantin », fait partie du groupe des huit principaux gardiens de la doctrine. Aspect farouche du bodhisattva Maṅjuśrī, cette divinité « subjugue Yama » et « extermine la mort » (Yamāntaka). C’est sous cette dernière épithète qu’il est parfois désigné dans la bibliographie. La déité est reputé éteindre le feu des passions et dissiper l’obscurité née de l’erreur, deux préalables à l’obtention de la libération. Il sera promu au rang de divinité tutélaire (Yi-dam) entre autres par les moines dGe-lugs-pa. L’iconographie le représente sous une forme particulièrement terrifiante. Parmi les neuf têtes multicolores, le mufle taurin contraste tout à la fois avec les autres chefs farouches et le visage paisible de Maṅjuśrī au sommet de la pyramide.

Le dieu enlace sa compagne Vetali. De ses trente-quatre bras, il brandit diverses armes et trophées macabres. Les deux mains principales tiennent le couperet et la coupe crânienne. Les autres mains au centre droit : la flèche, la lance, la hache, la lance entourée d’un serpent, un coutelas, une colonne vertébrale raidie formant sceptre, un bouquet de plumes de paon et l’extrémité d’une peau écorchée d’un éléphant ; dans les mains arrières droites : le tambour-sablier à boules fouettantes, le glaive, le marteau, le « foudre-diamant », une pique surmonté du vajra, le trident, une masse sommée du vajra et une hache ; les mains au centre gauche : la clochette, le geste de menace, une racine, une jambe humaine, la roue, le triple tête du dieu hindou Brahma et l’autre extrémité de la peau d’éléphant; les mains arrières gauches : le bâton, une fleur, le geste de menace, une aire sacrificielle, un homme empalé, le geste de menace et un bras humain.

Tout autour se tiennent divers protecteurs de la religion (dharmapāla). Ainsi au-dessus de l’épaule droite, on reconnaît Mahākāla sous son aspect Saḍbhuja, le plus courant. Lui faisant pendant, au-dessus de l’épaule gauche, on remarque une forme plus rare du dieu, Sitacintāmaṇi, debout à six bras, tenant le joyau dans la main principale, attribué à l’Empereur Qianlong (1736-1795) comme divinité protectrice. Plus bas, à gauche, Mahākāla Brāhmanarūpadhara, en ascète, s’apprête à souffler dans une trompe faite en os humain. Lui faisant pendat, la déesse dPan-ldan lha-mo chevauche sa mule. En dessous, on reconnait, de gauche à droite, le dieu des richesses Kuvera, tenant la bourse en peau de mangouste crachant des joyaux, Yama le dieu de la mort, enlace par sa soeur incestueuse Yamī, debout le taureau, enfin Beg-tse portant à ses lèvres le coeur saignant fraichement arraché de la poitrine d’un impie.

Enfin tout en bas de la composition, chevauchent rDor-je bse’i-krab-can, faisant tournoyée un bâton pour disperser des hordes de démons, et Phying-dkar-ba, dieu d’une montagne de l’Am-do, région où est né le réformateur Tsong-kha-pa (1357-1419), blanc de complexion et brandissant une lance.

En haut de la composition, Vajradhara, buddha suprême, est entouré par deux hiérarques dGe-lugs-pa.

La peinture participe à l’apogée du style sMan-bris (environ 1650-1750), délicatement rehaussée de détails à l’or. Les tons particulièrement sombres la rapprochent des fameux Thang-ka noirs (Nag-thang), manière réservée aux divinités farouches qui surgissent théâtralement de l’obscurité telle une apparition.

Provenance: Collection Bortolot. Navin Kumar Gallery, New York, octobre 1990.

HAR – himalayanart.org/items/61457

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