Le mariage de Siddhārta

25 000,00

Schiste gris
Ancienne région du Gandhāra
Circa IIe-IIIe siècle
L. 66 cm

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Description

Une esthétique remarquable
C’est au Gandhāra que se met en place de façon progressive l’iconographie du Buddha sous une forme humaine. L’école du Gandhāra met l’accent sur la dernière existence du Buddha historique, ainsi que sur ses vies antérieures ou jātaka. Elle développe un style syncrétique, que l’on retrouve dans la présence des pilastres composites à motifs d’acanthes, dispositif bien connu des grecs qui permet de cloisonner et scander les différents moments d’un récit, comme c’est le cas ici. Par ailleurs, le style vestimentaire des personnages témoigne de l’influence stylistique hellénistique et romaine, tantôt drapés de vêtements larges aux plis matelassés rappelant la toge ou l’himation, tantôt le buste musculeux laissé apparent et recouvert de bijoux rappelant les ascendances nomades des tribus Kuṣāṇ (Guishuang, tribu Yuezhi ayant donné le terme Kuṣāṇ). À mi-chemin entre le sage indien, sur le mode des moines et le prince indo-grec de type apollonien, le Buddha historique incarne l’accès à la libération ou illumination. L’école du Gandhāra met littéralement en image les textes du Lalitavistara Sūtra ou de Divyāvadāna, témoignant de sa ferveur pédagogique et missionnaire dans les premiers siècles de l’ère.

Deux scènes rares
Figurant deux scènes probablement héritées du Lalitavistara Sūtra, mêlant biographie historique du Buddha et prodiges merveilleux, on reconnaît dans la première scène à gauche un décor architectural avec un arc indien, semblable à celui des baies monumentales qui ouvraient les façades des salles d’assemblées des monastères, taillées dans les falaises du Mahārāṣṭra au nord-est du Dekkan dès le IIe siècle avant J.-C. (par exemple Bhājā), et directement copiées d’architecture de bois véritable. Ces arcs sont prolongés de part et d’autre par des balcons en croisillons, fréquemment représentés dans l’art du Gandhāra. De petits spectateurs assistent à la scène principale : un personnage central, coiffé d’un turban élaboré, se tient semi-allongé face à une femme assise à sa droite. Au-dessus d’eux sont peut-être figurées des guirlandes stylisées. De part et d’autre, des assistantes veillent à la scène. Par comparaison avec un relief du British Museum (1917,1009.5), il pourrait s’agir de la représentation de Siddhārta et de sa femme. La scène de droite figure manifestement un personnage princier tenant son épée dans la main gauche, tandis qu’une femme représentée de profil lui fait face. Un personnage se tient derrière eux et des musiciens célèbrent la scène. Si l’identification ne peut être affirmée avec certitude, il serait possible et cohérent d’y voir une rare représentation du mariage de Siddhārta, expliquant cette scène de liesse.

L’art de la narration au Gandhāra
Les monastères du Gandhāra accolaient deux types d’espaces : des cours accessibles aux dévots encombrées de toutes sortes de monuments ex-voto, tels des tumulus-reliquaires (stūpa) et des chapelles, et au-delà une clôture réservée aux seuls moines. Dans les parties publiques, les soubassements des stūpa, les entourages de porte et de fenêtre, les plinthes et même parfois les contremarches des escaliers portaient de nombreux reliefs, juxtaposant motifs décoratifs et scènes narratives apologétiques. La surface courbe de cette frise indique qu’elle décorait un stūpa. Il faut noter la remarquable plasticité des figures, entièrement due à la virtuosité des ateliers du Gandhāra employant un schiste aux teintes gris-bleues propres aux foyers de création du Nord du Pakistan, dans la vallée du Swāt par exemple.

 

Provenance : Collection Vérité, France.