Durgā Mahișasurāmardinī

Cuivre doré
Népal, vallée de Kāthmāndu
XVIIe siècle
H. 41 cm

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Description

Cet aspect particulièrement impressionnant de la Grande Déesse de l’hindouisme porte le nom de Mahișasurāmardinī, la « Tueuse du démon Buffle » ou plus simplement de Mahișamardinī. Sa légende est décrite dans le Vāmana-Purāna, texte en partie vaiṣṇava et en partie śaiva, mais également dans le Mārkaņdeya-Purāņa et le Śiva-Purāṇa.

Mahișa, né d’un démon asura et d’une bufflonne, pouvait selon sa volonté prendre une forme bovine ou humaine. Zélé adorateur de Brahmā, il avait reçu de ce dieu le privilège de ne pouvoir être battu par un homme. Réunissant des armées démoniaques immenses, il partit à la conquête du monde, chassant les dieux et lui-même se déclarant leur roi à la place d’Indra. Les dieux se plaignirent à Viṣṇu. De celui-ci émana une grande lumière et ainsi également des deux autres grands dieux. Ces trois lumières se mêlant donnèrent naissance à une femme. Tous les dieux présents lui donnèrent des armes et, après des combats épiques, vint à bout du démon monstrueux et de ses légions démoniques.

Le mythe se réfère à une légende, peut être d’origine aborigène, dont la mise en forme est relativement récente. Elle ne paraît pas antérieure aux premiers siècles de l’ère chrétienne. Son culte ne se développa seulement aux VIe – VIIe siècles et connut ensuite une ferveur inégalée jusqu’à l’époque contemporaine. Lors du combat final, ici représenté, la déesse ayant décapée le buffle, transperce de sa lance l’asura qui jaillit de la plaie sous sa forme anthropomorphe. Son pied est posé sur la crinière du lion, sa monture spécifique. Sous cette forme, le nombre de bras de Durgā varie. On en compte souvent huit en Inde mais pas seize comme souvent dans la Vallée de Kāthmāndu depuis au moins le XIIIe siècle.

L’œuvre participe des campagnes de constructions et d’embellissements des monuments menées par les souverains des trois royaumes de Bhaktapur, Kāthmāndu et Patan, en particulier Pratāpa malla de Kāthmāndu (règne 1641-1674) et Bhūpatīndra malla de Bhaktapur (r. 1696-1722). De telle plaque exécutée selon la technique du repoussé a pu décorée le centre d’un tympan au-dessus de la porte d’un sanctuaire consacrée à Mahișasurāmardinī. Citons deux fameux décors monumentaux représentant d’autres déesse farouches et combattantes tel le fronton de temple de Vajrayogiņī au-dessus du bourg de Śankhu (1654) ou la porte Śundhokā du darbār de Bhadgaon (1703). Sans participer de cet art aulique, la plaque ici présentée, de belle facture, est caractéristique des ateliers de qualité du XVIIe et des toutes premières années du XVIIIe siècle. On notera le sens du mouvement, l’expressivité de la gueule rugissante du lion et la fermeté des ornements flammés cernant la représentation divine.

 

Provenance : Collection de Boris Lisanevich et Inger Pheiffer, 1955.