Buddha Amida

Bois laqué, doré
Japon
Époque Momoyama (1573-1603).
H. 76 cm

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Description

Amida, nom japonais du Buddha de l’Ouest Amitābha, reçoit en Extrême-Orient un culte fervent. Ses dévots espèrent renaître pour une ultime réincarnation dans sa Terre pure de Sukhāvati où tous pourront atteindre la libération du cycle causal. La déité pieuse, venant des montagnes occidentales, accompagné par deux êtres spirituels promis à l’Eveil (bosatsu-bu, bodhisattva), Kannon (Avalokiteśvara) et Seishi (Mahāsthāmaprāpta) apparaît aux moribonds lors de son dernier souffle. Amida, seul ou avec ses assistants, figure ainsi dans nombre de petits reliquaires de bois, objets de dévotion privée. Amida est ici debout, vêtu tel un moine indien, esquissant tout à la fois de la main droite levée et de la main gauche abaissée, le geste d’’argumentation (vitarkamudrā). On doit mettre en rapport cette représentation avec les gestes habituelles des buddha en Extrême-Orient, celui d’absence de crainte (abhayamudrā) et celui de don (varadamudrā). La combinaison de ces deux gestes, appelés en Chine « laiying », « bienvenue », et remplace le plus souvent le geste d’enseignement. Le personnage repose sur un premier socle richement orné en forme de fleur de lotus épanoui, puis en dessous d’un quadruple soubassement octogonal ouvragé avec soin. A hauteur des épaules et au-dessus du personnage, trois disques contiennent des mantra, allusion à la formule salvifique spécifique à la déité.

Le personnage est cerné par un nimbe. Une mandorle, tout autour, présente des ajours, inhabituels dans ce type de représentation et qui confère à l’œuvre son originalité.

Les destructions massives occasionnées par les conflits civils nombreux lors des périodes de Muromachi (1335-1573) et de Momoyama (1573-1603) n’incitent pas les commanditaires à réparer et compléter les ensembles sculptés dans un style innovant mais au contraire à perpétuer l’art raffiné de la fin de l’époque de Heian (794-1185), durant le gouvernement des premiers ministres Fujiwara. Cette esthétique devenue « classique » servira cycliquement de référence aux praticiens des sept derniers siècles.

Les sculpteurs conserveront l’allongement extrême du corps, la fluidité des drapés, les visages circulaires à l’expression contenu mais aux traits juvéniles et bienveillants. On notera l’opposition des chairs délicatement peintes et des drapés et des parties décoratives dorés. L’impeccabilité de cette dorure et la grande qualité du socle permet de rattacher l’œuvre à la période des Momoyama, époque d’apogée des arts décoratifs.

 

Provenance : Collection Privée, France, depuis 1988.