Fragment de stèle Jaïne
Grès
Inde, Madhya Pradesh ou Rājasthān
VIIIe-IXe siècle
H. 23 cm
Description
Ce ravissant relief aux motifs d’éléphant et couple volant présente une telle qualité des détails et des proportions que nous le datons dès les VIIIe-IXe siècle. Mesurant 23 cm de hauteur sur 22 cm de longueur, ce fragment en grès beige ornait un haut de stèle indienne qu’il faut replacer dans un contexte jaïn, dans la région du Madhya Pradesh ou du Rājasthān.
Un éléphant placé sur une petite plateforme moulurée tient dans sa trompe un élément indistinct. On peut supposer qu’il renvoie à l’abhiṣeka de Śrī, activité dévotionnelle consistant à apporter la bénédiction par le versement d’eau sacrée. Il s’agit d’un thème particulièrement auspicieux, commun à l’hindouisme, au bouddhisme et au jaïnisme. L’éléphant suggérant par ailleurs un statut royal et sacré, il rend ainsi hommage au Jina figurant dans la niche en-dessous et dont on distingue encore une partie de l’auréole. Au registre en dessous, un couple volant renforce le caractère bienveillant de la scène. A gauche, l’homme est un vidyādhara, être aux pouvoirs magiques vivant dans un monde merveilleux et lançant des joyaux ou des guirlandes aux divinités. Il tient ici une fleur de lotus. Sa compagne esquisse de la main droite un geste d’approbation et tient une vīṇā, un instrument de musique indien. Elle pourrait donc être un gāndharvī, un être céleste musicien. La très jolie tête apparaissant dans l’angle inférieur droit était sans doute celle d’un porteur de chasse-mouche, accompagnant le Jina central.
Cette pièce est d’une finesse extrême. Sculptée en haut-relief, des ajours ont été aménagés entre et derrière les pattes de l’animal. La profondeur est manifeste au niveau des corps des petites divinités, permettant d’accrocher la lumière et d’augmenter les volumes. Chaque détail est signifié avec une précision remarquable. Les traits des visages avec le nez et le menton pointus, les yeux en amande accentués par des sourcils fortement incisés, la joaillerie rappelant des bijoux véritables et suivant la courbe des corps : chaque élément est soigné, subtil et proportionné. À la fois dense et vivant, mais aussi très lisible, ce relief est d’un rendu superbe et pourrait venir de l’Empire Gurjara-Pratihāra, au Nord de l’Inde.
Provenance : Collection privée, Royaume-Uni, acquise chez Kapoor Galleries Inc. New York en 2008.