Umā maheśvara

Grès
Inde du Nord (Madhya Pradesh)
VIIIe –IXe siècle, dynastie des Gurjara-Pratihāra
H. 67 cm

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Description

Cette stèle représente le dieu hindou Śiva sous son aspect Umāmahēśvaramūrti. Cette iconographie est décrite dans deux textes : le Viṣṇudharmōttara et le Rūpamaṇḍana (Rao, 1971, vol. II, Part. I, p. 132). Elle représente Śiva et son épouse, appelée dans ce contexte Umā, la « Favorable », assis sur un même siège, se témoignant des marques d’attachement et souvent entourés de leurs enfants et familiers. Ce sujet peut faire l’objet de variations tant dans les positions des protagonistes que du nombre de personnages. En témoignent plusieurs grands bas-reliefs dans les grottes d’Ellorā (VIIIe s.). Dans le sud de l’Inde, le thème porte le nom de Sōmāskandamūrti et fut l’objet de nombreux bronzes de procession. Au Népal, présent dès le Ve siècle, Umāmaheśvara devint au fil des siècles l’iconographie śaiva par excellence.

Sur le haut relief qui nous occupe, le dieu est assis en délassement (ardhaparyaṅka), la jambe droite reposant sur un tabouret et la gauche repliée sur le trône. On peut supposer que le long manche maintenu dans le creux de l’épaule gauche constituait la partie inférieure du trident (triśūla), attribut principal du dieu. La déesse quant à elle, assise à ses côtés dans une pose inversée du délassement royal (mahārājalīlāsana), lui caresse amoureusement la jambe gauche. Le dieu n’enlace pas sa compagne comme souvent dans cette iconographie mais appuie négligemment son bras gauche sur l’épaule de sa compagne. Umā, de la main droite, serre leur tout jeune fils, Skanda, paré de bijoux bien que bébé. Le registre inférieur compte plusieurs personnages. On reconnaît ainsi de gauche à droite un nain (gaṇa) dansant afin de distraire le couple divin, un autre gaṇa nourrissant le buffle Nandin, la monture du dieu. Puis, au centre du registre, Gaṇeśa, l’autre fils du couple, caractérisé pour sa tête d’éléphant, et Bhṛṅgin, ascète de la suite de Śiva, esquissent un pas danse. Dans l’angle supérieur gauche du relief, l’élégant personnage debout est peut-être Nandiśa, l’un des deux gardiens, avec Mahākāla, du palais féérique du dieu au milieu des rochers du Kailāsa, demeure mythique de Śiva dans l’Himālaya occidental.

Par la vigueur de son traitement, le soin apporté au traitement de la musculature des personnages et de leurs bijoux aux formes variées, l’œuvre est caractéristique de l’époque post-Gupta (VIIe-VIIIe s.). Ainsi par la forme de son haut chignon d’ascète et par la typologie de ses bijoux, le dieu n’est pas sans rappeler la face principale de la Maheśamūrti d’Elephaṇṭā (fin VIIe-VIIIe s.) même si la stèle ne serait remontée à une date aussi haute (Zimmer, vol. 2, fig.253). Par sa composition pleine de vivacité, aux multiples personnages révélant une certaine horror vacui, se retrouve sur un relief représentant le mariage de Śiva et Parvatī provenant de Kama (Bharatpur, Rājasthān) dans l’empire des Gurjara-Pratihāra, daté des environs du VIIIe siècle, conservé au National Museum de New-Delhi (Huntington, 1985, p. 453, fig. n° 20.21).

Provenance : Collection privée japonaise, début des années 1970 ; Asian fine arts, HK, 2015 ; Asian arts company SPRL, Belgique/Italie, en février 2016.

Ouvrages cités :

• Huntington, Susan L., The Art of Ancient India, Buddhist, Hindu, Jain. New-York-Tokyo : Weatherhill, 1985.

• Rao,Gopinath T.A., Hindu Iconography. Varanasi-Delhi : Indological Book House, 1971.

• Zimmer, Heinrich, The Art of Indian Asia. New York : Bollingen Foundation – Princeton : Princeton University Press, 1964 (rééd.)