La déesse Śuciṣmatī et son fils Gṛhapati

25 000,00

Pierre noire
Inde du Nord-Est (Bihār, Bengale)
XIe – XIIe siècle, période Pāla
H. 24 cm ; L. 57 cm

Vidéo de présentation

Dossier détaillé

Catégorie : Étiquette :

Description

Une image des plus sensuelles

Très originale et superbement sculptée, cette rare stèle figure la déesse Śuciṣmatī, nonchalamment allongée sur son flanc gauche, la tête soutenue d’une main et se faisant masser l’un de ses pieds par une de ses suivantes. Sa posture languissante et son corps aux formes généreuses, fidèle au canon de beauté indien, sont d’une sensualité fascinante. Toute la figure de la déesse, vêtue d’un fin dhotī plissé, offre à voir un ensemble de courbes ondulantes particulièrement harmonieuses, rehaussé de parures d’une richesse manifeste. Diadème élaboré, lourdes boucles d’oreilles, larges bracelets aux poignets, aux bras et aux chevilles, collier volumineux et ceinture ouvragée : tous ces bijoux typiquement indiens parent la déesse de la plus belle des façons. Quant aux détails et au soin apporté au travail de sculpture, il faut d’abord regarder le visage très bien conservé, dont les lignes graphiques et accentuées sont caractéristiques des œuvres Pāla, mais aussi admirer le modelé extrêmement tangible du ventre de la déesse.

 

Śuciṣmatī et Gṛhapati : une oeuvre liée au grand dieu hindou Śiva

 Cette identification de la déesse Śuciṣmatī est bien sûr possible par comparaison avec des œuvres similaires conservées dans les musées (à Calcutta notamment), mais surtout grâce à la présence de son fils, Gṛhapati, le nourrisson qui se trouvait contre le sein de la déesse et dont il ne reste aujourd’hui qu’une épaufrure.

La légende, tirée du Śiva Purāṇa, raconte que Śuciṣmatī et son mari, le sage Viśvānara, ne parvenaient pas à avoir d’enfant. Face à la désolation de sa femme, Viśvānara partit en pélérinage à Kāśī pour prier Śiva. Le dieu lui apparut et lui promit une progéniture. Peu de temps après, Śuciṣmatī donna naissance à Gṛhapati. L’importance du dieu Śiva est également rappelée par la présence, dans la partie supérieure de la stèle, de ses fils Gaṇeśa, le dieu à tête d’éléphant, et Skanda, jeune guerrier éternellement beau, ainsi que du liṅgaṃ, symbole phallique du dieu, lié la fertilité et à sa toute-puissance.

 

Une iconographie populaire de l’Inde médiévale du Nord-Est

 Cette image de Śuciṣmatī, proche de son enfant, renvoie à la maternité. Il s’agit d’une iconographie qui était populaire au Bengale entre les Xe et XIIe siècles, sous le règne des grands souverains Pāla. De telles stèles étaient très probablement commandées et vénérées par des femmes souhaitant avoir des enfants (voir Pal, Indian Sculpture, Los Angeles, 1998, p. 93). La figure féminine du registre inférieur, assise devant un autel de feu et un bol à offrandes, représente vraisemblablement une de ces donatrices.

 

Provenance : Collection d’un diplomate japonais, acquise au Bangladesh dans les années 1970.

Vous aimerez peut-être aussi…